Silice, chaux,
alumine, kaolin, magnésie, colémanite : à
l'heure de la fibre de renforcement, on est très loin
des dosages empiriques obtenus par tâtonnements tout au
long de l'histoire du verre. Très loin des recettes des
moines de Xe siècle, qui ajoutaient une pincée
de sel à un mélange bucolique de sable de rivière
et de cendre de hêtre… Affinée
à 1500 °C
Pour produire ces fibres de verre qui devront allier souplesse
et robustesse, offrir une résistance à la traction
mécanique comme à chaleur, aux agents chimiques
comme au potentiel électrique, les composants de base
du verre sont judicieusement dosés.
Prenons l'exemple du verre le plus couramment utilisé,
le "verre E", réputé pour ses propriétés
d'isolant électrique. A la silice, la chaux, l'alumine
et la magnésie, on ajoute un oxyde de bore, tandis
que l'on exclut tout oxyde alcalin, à la différence
d'une verre ordinaire.
Une fois ces "ingrédients" réunis,
la composition est mise au feu. Vers 800 °C, la pâte
en fusion commence à prendre une consistance visqueuse,
puis liquide : elle se vitrifie. A 1400 °C, la voilà
à peu près homogène, mais ce n'est qu'à
1500 °C que les dernières bulles et impuretés
disparaissent du verre. Affinée, la masse en fusion
est alors parfaitement transparente.
Etirage
et fibrage
Ce verre en fusion est étiré à grande
vitesse pour se transformer en filaments, qui composeront
fils et fibres de verre.
• La "fusion directe" s'organise
dès la sorite du four, le verre fondu alimentant une
filière en platine, percée de trous de 1 à
2 millimètres de diamètre. Ce sont ces gouttes
de verre visqueux, maintenu à 1250 °C, qui vont
être étirées pour former des filaments
minuscules, de 5 à 13 millièmes de millimètres
(micromètres) de diam-ètre.
• Au sortir du four, le verre fondu
peut également être transformé en billes,
faciles à stocker puis à refondre. Cette double
cuisson dans un four, puis dans une filière, augmente
l'affinage du verre, mais consomme davantage d'énergie.
Les filaments se forment de la même façon, après
avoir franchi les orifices de la filière.
Il reste à relier entre eux ces filaments de verre,
tout en les étirant à grande vitesse par un
étirage mécanique, s'apparentant en fait à
la filature textile et à la production d'un fil.
Sitôt constitué, ce fil s'enroule très
rapidement autour d'une broche ; c'est l'opération
de bobinage.
L'ensimage
Mais l'effet mécanique de l'étirage et du bobinage
n'est pas suffisant pour rassembler durablement les filaments
en un fil ou en un ruban de fibres. Le verre est trop lisse
pour s'agglomérer. De plus, il est sensible au frottement,
à l'abrasion et à l'électricité
statique : des phénomènes qui risquent de s'amplifier
lorsqu'on procédera au tissage ou aux transformations
ultérieures.
A la sortie de la filière, les filaments reçoivent
un revêtement de surface protecteur, l'ensimage, qui
a pour but :
• d'agglomérer entre eux les
filaments d'un même fil,
• de les revêtir d'une pellicule
lubrifiante,
• de favoriser la liaison entre le
verre et les résines synthétiques dans la fabrication
du plastique armé.
Cet ensimage est déposé par passage de la nappe
de filaments sur un organe ensimeur placé entre la
filière et la broche sur laquelle s'enroule le fil
sans torsion.
Après tissage et pour satisfaire à des exigences
particulières, on pourra être amené, dans
certains cas, à procéder au désensimage.
C'est une opération délicate et coûteuse.
D'où la recherche constante de produits nouveaux capables
d'assurer la liaison des filaments entre eux, puis les opérations
de tissage, mais sans gêner ensuite l'adhérence
entre les fibres de verre et les matières plastiques.
La
fibre sous toutes ses formes
Le verre est maintenant transformé en fils ou mèches
de fibres. Mais pour faciliter tel tissage, tel dépôt
au fond d'un moule ou telle opération de projection,
il va se présenter sous diverses formes.
Ainsi, en assemblant plusieurs fils, on obtient un véritable
ruban, le "roving", qui servira, par exemple, à
des tissages plus épais ou s'enroulera autour d'une
pièce à renforcer.
Pour faciliter un mélange intime de fils de verre
et de résine plastique, le roving est coupé
en petites "pailles", de 3 à 50 mm, qui seront
plus faciles à projeter contre un support.
Toujours employées pour le renforcement d'autres matériaux,
les fibres sont parfois broyées à des longueurs
de 0,1 à 0,3 mm, ce qui facilitera aussi le mélange
avec les résines synthétiques.
Autre présentation très courante : le mat,
constitué soit de fils coupés et liés
entre eux, soit de fils continus enchevêtrés.
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