Artiste
Né en 1948 à Przybylowice, Pologne.
Vit et travaille en France depuis 1982.
Contact
16 allée des arts, F-94230 Cachan.
Tél : 00 33 1 45 46 13 28.
Activités
Sculpteur
Technique favorite
Taille directe
Sablage
Peinture
|
Tête
de verre
Énigmatiques, les sculptures de Czeslaw Zuber traversent
le monde du verre depuis 1982. Entêté, il fut
l'un des premiers à casser des blocs de verre à
la masse et à les peindre. Sacrilège pour les
techniciens puristes ! Vingt ans plus tard, collectionneurs
et galeristes sont toujours captivés par ses pièces
connues internationalement, du Japon aux États-Unis.
Czeslaw Zuber, artiste d’origine polonaise, est installé
à Cachan dans la région parisienne depuis 10
ans. Dans son atelier, le chat Galipette somnole, blasé
par les têtes menaçantes d’un bestiaire
fantasmagorique. Ces figures à la fois grimaçantes
et tendres font les gros yeux, elles évoquent l’art
brut ou l’art naïf. Ce sont tout simplement des
êtres vivants imaginés.
Avec sa carrure de nounours polonais, Zuber se faufile entre
les machines et les cartons de pièces en partance pour
le monde entier. Il a choisi de briser des blocs de verre
de près de 800 Kg. Où trouve-t-il la place de
fracturer le verre avec sa masse de 6 Kg ?
Brise verre
« Il y a une dizaine d'années, je cassais le
verre à l'usine Corning, dans un endroit prévu
à cet effet. Je choisissais mon morceau préféré,
sur place. À présent, cela a changé,
je suis obligé d'acheter un bloc entier, de le casser
chez moi et d'utiliser tous les morceaux y compris ceux que
je n'aurais peut-être pas choisis ». Arrivé
à Paris dans les années 80, la visite de la
décharge de verre de l’usine Corning France reste
un événement décisif qui a marqué
le point de départ de sa carrière. « On
cassait devant moi des blocs industriels de près d'une
tonne, on sciait, polissait des dalles de forte épaisseur.
J'ai alors essayé moi aussi, ça n'a pas réussi
du premier coup, je n'avais pas compris qu'il fallait une
masse spécifique ». Aujourd’hui, il utilise
encore cet outil. De cette casse, résulte une forme
aléatoire qui révèle une tête.
« Je dessine des formes que je creuse avec la sableuse,
explique-t-il, entamer ce verre très résistant,
c'est difficile ».
Zuber dompte le verre, puis sort les pinceaux. Même
saturée par ce graphisme sauvage, la transparence satinée
s'exprime encore. Zuber est l’un des premiers à
avoir peint directement le verre sans incorporer la couleur
à la matière par des techniques verrières.
Une palette unique
« J’improvise des mélanges, j'essaie d'avoir
une peinture qui soit la moins opaque possible. Je superpose
les couleurs en veillant à préserver la transparence
du verre ». Pour l’artiste, rien n’est jamais
calculé. L’ambiguïté : recouvrir
ou dévoiler le verre, trouver un équilibre entre
transparence et motif. Jusqu'où ira-t-il ? Zuber est
tenté de saturer ses sculptures de couleurs. «
Chaque pièce a ses exigences. Je ne peux pas prévoir.
La technique, c'est indispensable, il est impossible de s'en
passer et l'on ne la maîtrise jamais assez. J'ai rencontré
des problèmes que je n’avais pas imaginés
: une peinture, que j'utilisais dans les années 80,
s'est révélée peu résistante à
la lumière. J'ai dû en trouver une autre, professionnelle,
ainsi qu’un produit qui la protège de la lumière
». Un mélange gardé secret. Zuber peintre
? Zuber verrier ? La réponse est peut-être dans
l’enseignement plurivalent des écoles d’Art
de l’Est.
Expérience plurielle
Dans les années 70, diplômé de l'École
Supérieure des Beaux-Arts de Wroclaw (Pologne), Zuber
se destine au design de vaisselle industrielle. Il suit alors
des cours de céramique et de verre puis apprend le
soufflage dans une verrerie d'art en Pologne. « J'ai
découvert le verre, dit-il, à travers les premiers
catalogues du Studio Glass, mouvement naissant du verre contemporain
américain ». Depuis 1974, il exerce les activités
de designer, sculpteur, peintre et illustrateur. « Mon
activité ne se limite pas au verre, déclare-t-il,
je prends du temps pour étudier d’autre matériaux
et les façons de les utiliser. À ce titre, j'ai
réalisé une série de pièces en
bronze. Je me suis plié aux contraintes de cette technique
qui n'est pas évidente ».
L'âge du bronze ? Quelques collectionneurs japonais
ont fait l'acquisition de ces œuvres inédites.
Ils ont bien fait car l'artiste ne pense pas réitérer
l'expérience. Sa fascination obsessionnelle pour le
verre ne l’emprisonne ni dans un matériau, ni
dans une seule technique. « J'ai tenté de marier
le verre avec le granit et cherché une colle qui permettait
d'assembler les deux. Je n'ai pas encore trouvé. J'ai
également pratiqué des essais de couleurs avec
de la peinture à l'huile, qui se sont révélés
trop opaques ». Paradoxe : Zuber serait attiré
à nouveau par le soufflage.
Par : Claire Gaillard
Source : VERRE Volume 6, N°6. Décembre 2000.
Galerie
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