Artiste
Designer
Né en 1938 à Sollentuna en Suède
Vit et travaille en Suède.
Contact
Afors
36194 Eriksmala
Sweden
Tél : 0471-411 81 Fax : 0471 –413 65
E-mail : bertil.vallien@orrefors.se
Design grandes séries et séries limitées
Oeuvres uniques
Architecture
Technique favorite
Moulage au sable
Soufflage
Taille à froid
|
Glace
en fusion
Artiste, designer, chercheur, responsable d’atelier,
professeur et conférencier, Bertil Vallien produit
depuis les années 60 une œuvre généreuse
et foisonnante, hissant le drapeau de la création à
son pôle nord, le bassin verrier de Kosta Boda, au cœur
des forêts suédoises. Passionné par la
technique du coulage du verre sur sable, Vallien a exposé
au nouveau Musée de Tacoma, près de Seattle.
Une rétrospective inédite assortie d’une
nouvelle production à faire frissonner!
De retour de Tacoma, Bertil Vallien livre ses impressions.
« Une installation impressionnante sur 400 m2, dit-il,
où j’ai découvert pour la première
fois une rétrospective de mon travail depuis quinze
ans. J’ai été étonné de
l’accueil contrasté de ma dernière collection,
Somna, Vakna. Les Américains ont eu peur ».
On peut les comprendre : Bertil Vallien a inventé la
cryogénie artistique. Corps, visages et objets mystérieux
apparaissent en translucidité dans la masse de blocs
de verre alignés comme dans un cimetière. L’artiste
invite à un captivant jeu de piste d’archéologie
glaciaire dans lequel chacun cherche un signe familier. Cette
collection, conçue en 2000, a été inspirée
par l’histoire de Mr Moro, gentilhomme de Portland,
dans l’Oregon, qui expérimentait, entre autres
sur lui, la congélation humaine dans les années
30. Le coupable, Bertil Vallien, gamin de 65 ans, artiste
généreux et bon vivant, n’a rien d’un
croque-mort. « Je voulais que mon verre soit de la glace
dit-il, le seul élément qui préserve
intacts des témoignages poignants des drames du passé,
comme ces corps qui surgissent un jour des glaciers. J’adore
la vie, mais je m’éloigne de plus en plus de
la séduction du verre décoratif que, paradoxalement,
je produis par ailleurs ». Car Bertil Vallien, artiste
et designer, est un Viking à deux têtes, qui
se plaît dans une schizophrénie bien gérée
depuis le milieu des années 60, date de son arrivée
à Kosta Boda. Fondée en 1742, cette cristallerie
est l’une des plus puissantes de Suède avec Orrefors
(cette dernière l’ayant d’ailleurs rachetée
en 1989 après plusieurs siècles de concurrence).
Il signe alors un contrat inhabituel : six mois de design
pour Kosta Boda et six mois de travail personnel en tant que
sculpteur dans la même structure. Il s’installe
dans la petite fabrique d’?fors, distante de quelques
kilomètres de la grande manufacture, au cœur de
l’immense forêt de la province du Småland,
au Sud de la Suède. Une expérience inédite
initiée par Erik Rosén, directeur visionnaire,
qui autorise dès les années 60 les designers-maison
à mener parallèlement leurs propres expériences
artistiques.
Studieuse bohême
Le fonctionnement de Kosta Boda est unique. Il consiste à
intégrer les démarches artistiques dans la stratégie
marketing de l’entreprise, à la manière
d’une cellule de Recherche & Développement.
Les créateurs, souvent issus des écoles des
Beaux-Arts, voient ainsi leurs carrières d’artistes
financées par Kosta Boda : déplacements, publications,
frais d’expositions. L’argent des ventes est versé
à l’entreprise qui rétrocède un
pourcentage à l’artiste. L’autre moitié
du temps, ils dessinent et mettent au point les collections
de la firme, respectant les cahiers des charges pointilleux
dictés par les forces de vente. Ils doivent intervenir
sur trois niveaux : pièces uniques, séries artistiques
limitées, et grandes séries. La méthode
possède avantages et inconvénients car ce système
oblige l’artiste-designer à se partager en deux.
« Parfois, raconte Bertil, je suis en plein cycle de
concentration artistique et les commerciaux viennent gentiment
me dire : ce serait bien que tu refasses du design…
». Il faut dire que si Kosta Boda chouchoute le Vallien
designer, c’est qu’il a signé en 1981 la
collection de verres « Château » la plus
vendue au monde dans le secteur de la cristallerie avec 12
millions d’exemplaires, suivie d’autres best-sellers
mémorables.
Depuis les années 70, plusieurs générations
d’artistes se sont succédées à
Kosta Boda. Bertil et sa femme Ulrica Hydman-Vallien, Monica
Backström, Kjell Engman, Göran Wärff, Anna
Ehrner, rejoints dans les années 80 par, entre autres,
Ann Wahlström, Gunnel Sahlin, Christian von Sydow…
Au début, l’esprit de l’entreprise est
celui d’une communauté libre, presque bohême,
qui donne une impression de candeur sylvestre. La réalité
est différente. Les créateurs-maison sont des
travailleurs acharnés qui mènent plusieurs carrières
de front. Bertil Vallien en est le symbole. Designer, artiste,
il enseigne, tout en voyageant dans le monde entier pour mettre
en place de multiples expositions. Dans son atelier, il explore
inlassablement toutes les techniques, de la gravure au sablage.
Il est également le fédérateur de la
verrerie, organisant les relations humaines à Afors.
Bertil Vallien, deuxième artiste après Libensky/Brychtova
qui expose à Tacoma, est l’ami intime de Dale
Chihuly, cofondateur du Studio Glass Movement américain
et initiateur du musée. Au début des années
80, Bertil a donné des conférences et enseigné
au centre de Pilchuck, près de Seattle, dirigé…
par Dale. La liberté créative des artistes américains,
soutenue par de nombreux galeristes et chantiers publics,
a fortement influencé le Suédois, dans la plus
pure tradition d’échange viking. Il ne lui manquait
plus qu’une spécificité expressive qu’il
a choisi dès son retour à Kosta Boda parmi ses
multiples recherches : le sandcasting, coulage du verre en
fusion dans un moule de sable. Pour un profane, la technique
paraît simple. En fait, c’est l’une des
plus délicates du verre artistique.
Ballet de louches
Première étape : estamper une forme à
l’aide d’un gabarit en bois dans un bac plein
de sable. Celui-ci n’a rien à voir avec celui
des squares, il s’agit d’un mélange maison
de terre, de charbon, de sable et d’eau. Sa surface
est saupoudrée de graphite, afin qu’il ne fonde
pas en contact avec le verre brûlant, puis d’émaux
en poudre ou d’oxydes, qui donneront à la future
pièce des reflets irisés ou colorés (pour
rendre l’effet de glace, Bertil a utilisé de
la poudre de mica). Bertil dispose ensuite dans l’empreinte
des éléments décoratifs en matériaux
réfractaires : visages ou corps en terre, petits personnages
en métal, baguettes de verre colorées et torsadées.
Vient le moment du coulage : dans un ballet réglé
au millimètre et minuté à la seconde,
les assistants cueillent des paraisons dans de grandes louches
et emplissent l’espace creusé en négatif.
Il faut vite arrêter le coulage, afin que le verre soit
à la même température partout. Dernière
étape périlleuse : transporter l’ensemble
moule-verre en fusion vers l’arche de recuisson où
il passera plusieurs jours. Certaines sculptures de Bertil
ont déjà mesuré quatre mètres
de long !
Plus de vingt ans de mise au point ont été nécessaires
à Bertil Vallien et ses équipes pour maîtriser
le sandcasting . Les inconvénients qui conduisent à
la casse sont principalement les différences de température
entre le cœur et la surface. L’arrivée des
thermostats contrôlés par informatique et une
bonne gestion de l’humidité du mélange
sableux ont facilité la tâche de ces valeureux
verriers alchimistes qui, aujourd’hui, font de la glace
avec du verre et du sable.
Embarquements immédiats
Cette technique a permis à l’artiste de se créer
une renommée internationale à travers une production
majeure dans son œuvre, celle des « bateaux ».
Un thème inspiré des embarcations vikings et
de nombreuses mythologies où le navire représente
à la fois la vie et le passage vers l’autre monde.
Bertil raffole des anecdotes, légendes ou objets insolites
qui traduisent souvent l’essentiel, comme le faisaient
ses maîtres, Miro, Arp, Jung et bien d’autres.
Maps, Pendulums, Area II, Faces, sont autant de séquences
créatives prolifiques qui le conduiront jusqu’à
la fameuse série des Heads en 2001. Ovales, bleu cobalt,
à la fois identiques et toujours différentes,
elles sont à la fois masques, statues ou fantômes.
Bertil Vallien réalise également de nombreuses
commandes publiques comme ce récent retable triptyque
de 5,5 mètres de haut pour la cathédrale de
Växjö, près de Kosta Boda. L’artiste
a moulé de petites scènes liturgiques, invitant
Adam et Ève, Marie-Madeleine, la Vierge Marie et l’Enfant
Jésus à un divin casting.
La série Somna Vakna est, selon Bertil Vallien, sa
plus grande réussite. Le sandcasting poussé
à son comble, parfois exécuté en deux
étapes comme pour le Graal, est la technique idéale
pour évoquer la glace. De nombreux stagiaires venant
du monde entier viennent l’apprendre dans son atelier.
L’été, une fois sa journée de vingt
heures terminée, Bertil Vallien rejoint son cottage
d’Afors pour assister vers minuit au coucher de soleil.
Son jardin : un lac et une forêt qui fait 3000 km de
long. Son secret : il aime se ressourcer en peignant des aquarelles
romantiques… suédoises, évidemment.
Sculptor and designer, Bertil Vallien is a master personage
of international glass art since the 70’s. The new prestigious
Museum of Glass of Tacoma, near Seattle, USA, provides him
the opportunity to show a large representation of his artistic
work including new ice like glass works. Bertil is also a
world–famous designer who develops collections in Kosta
Boda, the well-known suedish glass manufacture. « Chateau
» a wine service created in 1981, is number one world
best-seller in canteen glass. Kosta Boda is also exclusive
Bertil’s agent in art. A unique strategy in craft industry.
Source : VERRE, volume 9, N°3. Juin 2003.
Galerie
photos
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