Designer
Né en 1958 à Montmorency, France.
Vit et travail à Paris.
Contact
156, rue Oberkampf
F-75015 Paris
Tél : 00 33 1 49 29 06 90
Fax : 00 33 1 49 29 06 69
Séries limitées ou moyennes séries
Technique favorite
Soufflage
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Galerie
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L’instant
V
Christian Ghion, designer, scénographe et architecte
d’intérieur reconnu comme l’un des meilleurs
de sa génération, accumule des réalisations
prestigieuses et médiatiques. Loin des feux de la rampe,
il trouve sa plénitude dans… la tempête
en fusion des fours de verriers. Salviati, Daum et l’Italien
Driade lui font confiance pour composer des gammes innovantes,
pointues où le risque du crayonneur côtoie le
savoir-faire d’artisans chevronnés. Et cela marche
plutôt bien.
« Le roi Ghion », titrait récemment un
célèbre hebdomadaire féminin dans un
article consacré à ce designer atypique qui
s’est construit une carrière à coup de
bravoure et de bravades. Malgré son physique d’acteur
mafiosi, ce lion au cœur d’agneau allie fragilité
et courage en se mettant constamment en danger dans chacun
de ses projets variés, allant du mobilier à
la décoration intérieure en passant par l’organisation
d’événements et la scénographie.
Témoin cette année 2004, l’année
Christian Ghion.
On lui doit en effet la nouvelle boutique Chantal Thomass,
rue Saint-Honoré à Paris (un boudoir contemporain
en Dacryl© et Corian©) et celle de Jean-Charles
de Castelbajac, univers polyvalent de 250 m2. À venir
en novembre : le « Restaurant Élémentaire
» de Pierre Gagnaire installé pour deux semaines
dans les Grands Magasins du Printemps et de nombreux objets
pour le prestigieux éditeur italien Driade, proposés
au prochain salon de Milan. Mais le jardin secret de ce défricheur
acharné à la quarantaine robuste, son espace
de liberté et de jouissance, c’est le verre.
Depuis cinq ans, il sort régulièrement des collections
étonnantes, très professionnelles, comme s’il
n’avait fait que cela toute sa vie.
Associé à ses débuts avec Patrick Nadeau,
autre talentueux phénomène, (voir Verre Vol.
10, N°1), Christian Ghion a volé en solo en 1998,
multipliant les expériences pluridisciplinaires. La
liste de ses réalisations est longue, de Cappellini
à Driade, de Neotu à Sawaya & Moroni et
Tarkett. Ses œuvres sont exposées au VIA, à
la Fondation Cartier, au Musée des Arts Décoratifs
au Musée Georges Pompidou et présentes dans
de nombreuses collections internationales. Dans cette vie
partagée avec les crayons ou les souris de PC, il manque
une dimension physique pour ce bouillonnant créateur.
La collection de vases en verre soufflé Insideout,
élaborée en 1999 à la Verrerie de Vianne,
provoque chez lui un électrochoc salutaire. Une révélation,
celle de l’instantanéité, du four, de
l’aléatoire, du risque et de l’émerveillement
de gamin à sortie du four de recuisson. Mais la tâche
est rude et les maîtres verriers ne font pas de cadeau
à ce parisien designer. Finalement la sauce prend et
une collection stupéfiante, présentée
à la galerie parisienne Neotu et éditée
par XO, voit le jour. L’affaire est consommée
avec succès, puis digérée. En 2002, Daum
fait appel à lui pour créer une pièce
dans la nouvelle collection 12+1 de Daum Design (sortie en
octobre, voir revue Verre Vol. 10 N°4). Christian Ghion
fait réaliser par les modeleurs de l’Atelier
de Nancy Gorgonia, une pièce techniquement délicate,
formée d’une résille de pâte de
verre flottant sur un noyau. Une bravade qui, 500 heures de
mise au point plus tard, voit le jour au grand étonnement
de notre trublion.
Quand Salviati cherche un designer français pour concevoir
une collection, la maison française implantée
à Murano choisit Christian Ghion, séduite par
la qualité des vases Insideout. Un heureux hasard est
à l’origine de ces pièces fines et puissantes.
« J’ai proposé quelques croquis de formes
oblongues savamment arrondies, raconte-t-il. Sur les dessins,
j’avais indiqué les lignes de force volumétriques
par des traits croisés. Salviati les a pris pour des
motifs et exécutés en fines gravures. Le résultat
s’est avéré extrêmement satisfaisant
». Trois couleurs judicieuses, dont un noir osé
pour une collection grand public, et une finition abrasée
à la main complètent l’ensemble couronné
par un succès au dernier salon Maison & Objets.
Mais le grand plaisir du designer fut sa visite à Murano
pendant quelques jours pour mettre au point la collection.
« C’était frustrant de rester si peu, dit-il,
mais le timing de ces maestri est compté. J’en
ai profité néanmoins pour faire des recherches.
J’ai découvert que naissait, pendant le soufflage,
des pièces intéressantes impossibles à
dessiner. Je disais souvent : n’y touchez plus, stop,
c’est parfait ! C’est ainsi qu’est née
l’ébauche d’une deuxième collection
de vases qui va sortir en janvier. J’apprécie
particulièrement la chaîne mise en place chez
Salviati qui associe dans la même dynamique l’atelier,
la direction artistique et le commercial, ce qui permet aux
designers de s’intégrer aisément ».
Christian Ghion est le designer français le plus impliqué
dans le verre. Au moulage et au thermoformage, il préfère
le soufflage, plus impétueux. « La matière
te tient constamment tête, dit-il. Un bon dessin peut
devenir une pièce médiocre sans que l’on
sache pourquoi. Sans parler des accidents, dont certains sont
heureux, qui permettent de changer radicalement un projet
en une seconde. Et bien sûr, l’instant T, dimension
incontournable du soufflage. Quelquefois, j’ai envie
de tout arrêter comme lorsque l’on appuie sur
la touche pause d’un magnétoscope. Trois secondes
plus tard, tout est différent et le verrier envoie
la pièce à la casse malgré mes supplications
».
Une pièce inspirée par Gorgonia, mais simplifiée,
en préparation chez Daum, Deux nouvelles collections
chez Salviati dont une de luminaires monumentaux, des séries
chez l’éditeur Driade, le monde du verre a trouvé
son designer modèle. Celui qui s’immerge dans
le verre corps et âme, et pour qui chaque visite en
atelier est une épreuve fanatique. S’il n’y
avait pas de cannes, il cueillerait le verre à mains
nues.
Thierry de Beaumont
Christian Ghion, designer, scenographer and architect recognized
like one of the best of his generation, accumulate prestigious
and media achievements. Far away from limelights, he finds
his plenitude in the storm in fusion of the glassmakers furnaces.
Salviati, Daum and Driade trust him to compose innovating
ranges, where the risk of the crayonnor meets the best technical
maestri of glass know-how. And that goes rather well.
Source : VERRE - Volume 10, N°5. Octobre 2004.
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