Artiste
Né en 1941 à Tacoma, Washington state,
États-Unis.
Vit et travaille aux Etats-Unis.
Contact
www.chihuly.com
www.artsy.net/artist/dale-chihuly
Techniques utilisées
Soufflage
Divers assemblages
Oeuvres uniques
Interventions événementielles
Architecture
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Escale
à Tacoma
Le Musée d’art contemporain
de Tacoma, près de Washington, s’enorgueillit
d’une série d’impressionnantes installations
architecturales en verre conçues par le célèbre
artiste verrier américain Dale Chihuly, natif de la
ville. Sur un passage piétonnier de 154 mètres
reliant le musée à la ville, ces « tableaux
» préparent le public à leur rencontre
avec le verre.
Édifice stratégique, ce Chihuly Bridge of Glass
relie la cité de Tacoma à la ville basse où
est implanté le Musée. Il surplombe une route
majeure interstate et un enchevêtrement de voies ferrées.
Ce lieu est symbolique pour les habitants de Tacoma. Au XIXe
siècle, cet estuaire proche de la mer accueillait un
commerce et une industrie florissante. Aujourd’hui,
la zone sert de terminal ferroviaire. Dale Chihuly a saisi
l’importance d’intervenir sur ce pont depuis le
début du projet.
Revenons sur la genèse du musée de Tacoma qui
pourrait bien devenir l’alter ego de celui du Corning,
près de New York. En 1992, George F. Russel Jr., homme
d’affaires, projette d’édifier un musée
d’art contemporain dans cette zone de docks et de friches
industrielles afin de relier le cœur de la ville à
sa Dowtown. Le seul artiste local internationalement reconnu
est le maestro du verre Dale Chihuly, Russell décide
donc de lui consacrer une grande part du futur Musée.
Après le traditionnel concours d’architectes,
remporté par le Canadien Arthur Erickson, les levées
de fonds privés et différents changements de
caps, le Musée Dale Chihuly devient Musée du
Verre, puis Musée d’Art Contemporain. En juillet
2002, Tacoma est inauguré. Un complexe « à
l’américaine » : tout y est, des ateliers
de soufflage aux boutiques, des cafés aux centres de
documentation, en passant par les amphithéâtres
dédiés aux conférences. Le symbole de
Tacoma est son cône métallique gigantesque recouvert
de tuiles d’acier inoxydable qui accueille les ateliers
de verre. Penché de 17° vers le Nord, il évoque
les anciens fours à céréales du XIXe
siècle, seuls signaux monumentaux de la côte
d’autrefois fourmillante d’activités.
Tout au long de l’aventure, Dale Chihuly pratique une
politique d’ouverture et de modestie. Selon lui, un
musée d’art contemporain ne peut se résumer
à un matériau, un artiste ou un pays. Ce ne
sera donc pas lui qui réalise l’exposition d’inauguration
mais deux de ses amis, le couple tchèque Libensky Brychtova.
Mais ce pont de verre long de 154 mètres lui tient
à cœur et il a envisagé d’en faire
un théâtre ponctué de scénographies
marquantes. En étroite collaboration avec un architecte
différent de celui du Musée, Arthur Andersson,
de Andersson-Wise, Chihuly conçoit une œuvre à
la fois spectaculaire, mondialiste et intime.
Imaginez : vous avez laissé votre belle Américaine
au parking ou sortez de la station ferroviaire « Union
». Empruntant le passage qui mène au Musée,
le premier tableau, Seaform Pavilion, annonce la couleur.
Il s’agit d’un fleuve de verre constitué
de 2364 formes, cônes, flasques, anneaux multicolores,
suspendu au-dessus de vous par un plafond technique transparent,
subtilement éclairé de nuit grâce à
un subtil réseau de fibres optiques. Les parois latérales
sont en vitres teintées afin de vous immerger totalement
dans cet océan. Dale Chihuly, qui raffole des bords
de mer, y traduit des évocations à la fois géologiques
et animales.
Quelques dizaines de mètres plus avant, vous passez
sans le savoir sous les Crystal Towers, tours de 12 mètres
de haut formées de 64 immenses galets translucides
empilés, lumineux de nuit afin de servir de signal
pour la ville et la côte. L’œil avisé
des lecteurs de « Verre », détectera qu’elles
sont en Polyvitro, cristal de synthèse en Polyuréthane,
utilisé de plus en plus en conditions extrêmes,
par les artistes verriers anglo-saxons.
Enfin, vous longez le Venetian Wall, mur-vitrine accueillant
avec une rigueur de collectionneur d’insectes 109 sculptures
de Dale Chihuly. À travers ce travail, l’artiste
a voulu rendre hommage à l’Europe, principalement
Venise et Rome, et à l’Ikebana japonais. L’intérêt
de l’intervention réside dans la facture des
pièces : ni utilitaires ni figuratives, elles suscitent
l’imaginaire. On croit reconnaître des oeuvres
de musée soigneusement conservées, alors qu’il
ne s’agit que d’exercices ludiques faisant appel
à l’inconscient formel d’un « gamin
» de 61 ans.
Ce sas de décompression est un musée avant le
musée. Le verre y est représenté dans
sa nouvelle dimension : respect et évocation des techniques
ancestrales, jubilation de l’instantanéité
du faire, relation avec l’architecture.
Galerie
photos
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