Designer
Né en 1962.
Vit et travaille en France.
Contact
40, rue Marat
94200 Ivry-sur-Seine
Tél : 01 46 58 00 72
charpin.pierre@free.fr
Design
Architecture d’intérieur
Scénographie
|
Rayons
de verre
Quand un designer rencontre le verre pour la première
fois, c’est toujours une aventure inédite qui
réserve quelques surprises. Pierre Charpin a signé
au CIRVA de Marseille une collection de pièces sobres
et puissantes, un paysage de cylindres énigmatiques
exposé au Musée des Arts Décoratifs de
Paris en 2001. Il raconte.
« Torno Subito » (Je reviens de suite), le titre
de l’exposition résume le périple de Pierre
Charpin. Depuis 1998, ce designer subtil et efficace, passe
trois ou quatre sessions de plusieurs jours par an dans l’atelier
du CIRVA (voir encadré) à créer ses séries
de pièces assemblées par familles. Au début,
il s’est un peu fait piéger. « Quand Françoise
Guichon, la responsable, m’a invité, raconte-t-il,
j’ai hésité. Je ne connaissais pas du
tout le travail du verre et ne savais pas quoi faire avec.
Elle m’a proposé de venir trois jours pour m’imprégner
des lieux. Quand je suis arrivé, deux souffleurs m’attendaient.
J’ai dû tout de suite leur confier des projets
». L’équipe du CIRVA, composée d’un
souffleur et de son assistant, d’un technicien du verre
à froid, d’un chef d’atelier, est au CIRVA
à l’entière disposition de l’artiste.
Un rêve de créateur mais également une
lourde responsabilité.
Pierre Charpin décide d’évacuer les prouesses
techniques, il dessine des cylindres et s’y tient. «
Je ne voulais pas envisager des pièces complexes dont
la réalisation m’aurait échappé,
dit-il ». Pour le designer, seul le projet compte. Le
matériau doit l’aider et non l’inverse.
Son dessin affûté ne le sert pas non plus. Captivé
par le gestuel et les fours, il conçoit alors presque
en direct, planchant sur les idées tandis que les pièces
refroidissent. Après quelques balbutiements, le projet
prend sa vitesse de croisière. Le style de Pierre Charpin,
fait de sensibilité et de sobriété, s’exprime
peu à peu dans le verre soufflé.
Né en 1962, Pierre Charpin, formé aux Beaux-Arts
de Bourges, séjourne à Milan dans le studio
de George Sowden (ex-membre du groupe radical italien Memphis)
au milieu des années 90. De retour, il réalise
de nombreuses collections de mobilier et d’objets pour,
entre autres, Algorithme, le VIA, Post Design. Récemment,
il expose Galerie De di By à Paris une étonnante
collection de meubles soulignés de quelques traits
qui interrogent l’espace environnant, une constante
dans son travail. Aplats de couleurs, volumes, lignes, rien
n’est laissé au hasard. En 2000, il est choisi
pour travailler la céramique dans les ateliers de Vallauris
par le Ministère de la Culture. Ses pièces en
chamotte, volontairement épaisses et rugueuses, traduisent
son regard sur la rusticité des ateliers locaux.
« La terre a visuellement du poids, précise-t-il,
le verre peut avoir du poids physique, mais paraître
léger ». Au fil des sessions au CIRVA, un vocabulaire
se met en place et des idées jaillissent. Une série
de verres gravés l’illustre. « Je voulais
me distancier des gravures traditionnelles du cristal. J’ai
dessiné des motifs plus larges et supprimé des
phases de polissage pour un rendu plus brut. J’ai également
trouvé un système optique pour le quadrillage.
Sur une moitié du cylindre, les lignes sont verticales,
sur la moitié opposée, horizontales. L’effet
de croisillons vient par transparence ». Peu à
peu, la couleur arrive, et c’est à chaque fois
l’étonnement : « Au CIRVA, il y a des échantillons
de couleur sur un mur, on a envie de voir ce que cela donne.
J’ai dû faire des essais, la gravure notamment,
n’apparaissant pas sur certaines tonalités trop
denses. On ne travaille pas la couleur du verre comme en se
référant avec une gamme Pantone ». En
emboîtant des plans rectangulaires au milieu des cylindres,
Pierre Charpin amorce cette relation à l’espace
dont il est friand. Les aplats de couleur servent d’alibi
à une extension de la forme. Un autre pas est franchi
: celui de la sérigraphie de motifs abstraits, irrésistible
pulsion pour un maestro du croquis. Enfin, la série
« élastique », où des baguettes
rondes de verre sont accolées aux cylindres par de
simples élastiques, chahutant gentiment la virtuosité
technique des maîtres verriers. L’ensemble compose
un paysage d’une quarantaine de pièces. Le Centre
du Verre du Musée des Arts Décoratifs décide
d’exposer Pierre Charpin jusqu’en décembre.
Depuis 1994, la collaboration entre le CIRVA et le Centre
du Verre a donné lieu à plusieurs expositions
présentant, entre autres, les artistes Betty Woodman
et Erik Dietman.
Pour Pierre Charpin, le verre est une expérience unique
qu’il a su rattacher à son parcours de designer
sans se laisser emporter par la technique. Mais quand même…
« Le gestuel, le mythe des verriers, les fours, l’atelier
qui vit continuellement, c’est fascinant, dit-il. Un
seul regret : quand tu dis aux souffleurs, OK, cela me convient,
la pièce disparaît dans le four de recuisson
et je ne la revois que le lendemain. Un vrai kidnapping !
».
Cette aventure ponctuée de trouvailles et pleine de
talent n’en est qu’à son début.
Édition du « Carnet de Bord » de Pierre
Charpin. 32 pages, éditions Grégoire Gardette.
French designer Pierre Charpin first met glass in 1998 at
the CIRVA in Marseille. During four years, he worked with
a team of glass blowers to create an unique collection of
forty pieces exposed until december at the Paris Musée
des Arts Décoratifs. During those workshops –four
a year- he had to learn everything about glass technics. «
Project is leading the material, he says, not the inverse
». But glass is not so easy to work with. Pierre Charpin
decided to reduce technicals challenges creating simple basic
shapes like cylinders. Many new ideas came out of the entire
project.
Source : VERRE, volume 7, N°4. Octobre 2001.
Venini
invite Pierre Charpin
Suite à une série d’expérimentations
sur les contenants réalisée par le designer
Pierre Charpin au CIRVA de Marseille et exposée au
Musée des Arts Décoratifs de Paris en 2001,
la prestigieuse maison vénitienne Venini a décidé
de lui éditer une première série de vases.
Le fait est suffisamment rare pour être signalé
: enfin une recherche qui ne finira pas dans les tiroirs.
Ettore Sottsass en personne s’est chargé de faire
le lien. Une période de propositions et de mises au
point a suivi. Pierre Charpin s’est senti pousser des
ailes d’ange en entrant dans le sacro-saint atelier
Venini de Murano. La firme a commencé par réaliser
des vases coniques noirs à l’extérieur,
colorés à l’intérieur dont le col
simplement retourné. Pas si facile. Puis, dans un élan
d’avant-gardisme qu’il faut saluer, Venini a fait
le saut à l’élastique en s’attaquant
aux fameux tubes-vases reliés par du caoutchouc rond,
une provocation du designer qui touchait au CIRVA le verre
pour la première fois et voulait montrer que la technique
n’est pas la seule règle d’un projet. La
technique, Pierre Charpin l’a pourtant caressé
dans les reflets de la lagune sur les couleurs inédites
et fantastiques de Venini et dans ce verre d’une pureté
touchant à la perfection. Il s’en est gavé
avec délectation. Chez Venini, on l’avait prévenu
: « tu sais, ça nous étonnerais que cela
marche, mais faisons tes élastiques ». Présenté
au Macef de Milan de septembre, Triplo s’est pourtant
très bien vendu. Une suite est en cours, à la
grande satisfaction de Pierre Charpin qui sait de mieux en
mieux mettre ses crayons au service des cannes.
www.venini.it
Source : Verre&Création N°33. Décembre
2003.
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