Pâte de verre
Grande dame du verre artistique, la pâte de verre est
souvent confondue avec le moulage ou casting.
Pourtant, même s’il existe une concordance des
mises en œuvre, la pâte de verre possède
une histoire antique et contemporaine ainsi qu’une réelle
spécificité.
Étienne Leperlier, artiste, petit-fils de François
Decorchemont, pionnier de la pâte de verre contemporaine,
manie avec dextérité cette technique rigoureuse
en parallèle avec son frère Antoine Leperlier.
Il nous explique son point de vue. "Je ne sais pas
moi-même si je fais encore de la pâte de verre,
commente-t-il. La spécificité de cette technique
consiste à maîtriser la coloration dans la masse,
ce qui n’est pas simple. Les techniques ont évolué
rapidement avec des artistes comme Tessa Clegg ou Diana Hobson.
Quand François Decorchemont a débuté,
il appelait son travail pâte de verre à la cire
perdue. Ce qui constituait déjà une évolution.
Même Émile Gallé se vantait d’en
faire, alors qu’il n’y a jamais touché
de sa vie ».
Mode
d’emploi
La pâte de verre commence par la mise en place à
froid de verre concassé ou broyé en poudre,
dans des moules en matériaux réfractaires. Cette
base est recuite vers 800°.
Le verre pulvérisé mélangé à
des éléments agglutinants peut être directement
mis en place au pinceau dans des moules qui restent souvent
ouverts, selon le procédé de l’estampage.
Les morceaux de verre concassé peuvent également
être disposés dans un moule à la cire
perdue ainsi que dans un réservoir qui le surplombe
et s’écouler pendant la cuisson dans un espace
ménagé.
Différents grains de groisil de verre peuvent cohabiter,
initiant différents états de matière
qu’il est très difficile de maîtriser précisément.
Mais l’aléatoire du mélange constitue
le charme de la pâte de verre même si certains
artistes, comme Tessa Clegg, tentent et réussissent
le contrôle du résultat.
Pour les grosses pièces, le refroidissement, effectué
dans le même four, est très long, pouvant durer
jusqu’à plus d’une semaine, ce qui explique
le prix de revient élevé et la modestie des
dimensions des œuvres.
Antoine Leperlier a expérimenté avec succès
l’inclusion d’éléments solides au
cœur de la matière, pratique qui constitue la
toile de fond de son œuvre.
Un
peu d’Histoire
C’est sans aucun doute la plus ancienne des techniques
verrières. Egyptiens et Phéniciens en faisait
des amulettes, bijoux et décors précieux du
mobilier funéraire.
Rapidement concurrencée par le soufflage, cette technique
a peu à peu disparue.
Vers la fin du XIX siècle, la pâte de verre est
remise à la mode par Henry Cros, sculpteur symboliste
passionné d’archéologie. Ses recherches
suscitèrent d’autres vocations bien accueillies
par les frères Daum à Nancy.
Durant la période Art Déco, François
Decorchemont et Gabriel Argy-Rousseau innovent chacun de leur
côté en développant de nouvelles possibilités
techniques.
Decorchemont fait la liaison entre la pâte de verre
et le coulage du métal en vogue à cette époque,
se servant parfois des mêmes outils.
La pâte de verre est également représentée
par la maison Daum dont elle est la marque de fabrique.
De nombreux artistes comme Arp, Salvador Dali l’ont
approché dans les années 60. Antoine Leperlier
et Étienne Leperlier, petits-fils de François
Decorchemont, la revitalisent au niveau artistique international.
En Angleterre Keith Cummings, Diana Hobson et Tessa Clegg,
aux Etats-Unis, l’Américain James Watkins et
David Reeckie, au Japon, Etsuko Nichi et de nombreux autres,
réhabilitent cette technique « serpent de mer
» qui procure à chaque fois une émotion
profonde partagée par toutes les lumières.
Galerie
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