Casse, coupe et récup.
Certains artistes prennent le verre à bras le corps.
Ils préfèrent travailler ce matériau
déjà manufacturé comme un don précieux
à bouleverser. Loin d’être fainéants
ou icoloclastes, ils ont souvent ouvert des voies royales
reprises par des techniciens de haute volée.
Le pionnier, Marco de Gueltzl, était surnommé
le prince des décharges. Dans un minuscule atelier
de la rue des Rosiers, il cassait des plaques de verre plat,
les empilaient en les collant, puis les faisait sabler. Le
tout ligoté par des fers à béton torsadés,
patinés comme des bronzes précieux.
Ce langage atypique est devenu culte. Chandelier, lampes,
Bibendums ont connu un succès important durant les
années 90 et les œuvres de ce « sculpteur
en mobilier », malheureusement disparu trop vite, sont
des monuments de savoir-non-faire…
Cet empilement associé au sablage s’est développé
parallèlement avec l’anglais Danny Lane et le
Roumain Matei Negreanu, installé en France. Ce dernier
a conçu dans les années 90 sa série de
« Vagues » qui l’a rendu célèbre.
Aujourd’hui, Matei Negreanu explore de nombreuses voies
: verre associé au plomb, au bois ou au velours, sphères
de verre industriel serties au plomb, découpe à
la scie de blocs optiques etc.
Autre technique appréciée par ces farouches
créateurs : le ramollissement de verreries utilitaires
comme l’a souvent fait Jean-Paul Van Lith. On aime également
casser. Gentiment, avec de petits marteaux, comme Serge Mansau
sur des alignements de verres de Baccarat, ou l’Anglaise
Charlotte Hugues, qui met ironiquement sous cloche à
fromage un verre « façon Venise » brisé
et recollé.
Plus radicalement, Czeslaw Zuber attaque à la masse
d’énormes blocs de verre optique récupérés
dans les décharges d’usines, avant de les peindre.
De plus en plus de sculpteurs interrogent directement l’âme
du verre, sa transparence et sa fragilité. Ces techniques
permettent une approche rapide du verre, mais elles nécessitent
de savoir allier préméditation et instantanéité.
Quelques décharges industrielles permettent aux artistes
de récupérer du verre optique au poids. La plus
célèbre, dans les années 80 et 90, fut
celle de Corning France.
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