Peinture / émaillage
L’émaillage intéresse souvent les artistes.
Il permet d’associer l’art pictural à celui
du verre. Nombreux sont ceux qui l’emploient à
différentes étapes de leurs créations.
Le Bavarois Erwin Eisch, ténor du verre figuratif,
est l’un des premiers à l’utiliser sans
complexe dans les années 70.
Jean-Pierre Umbdenstock (F) se sert d’émail noir
à des fins graphiques. Il couvre certaines parties
de ses pièces d’un aplat sombre et le grave de
signes et d’écritures au stylet avant de le recuire.
Une école figurative venue de l’Est favorise
aujourd’hui souvent les peintures-émail. La formation
pluridisciplinaire de ces artistes les conduit à colorer
dans la profondeur du verre.
Citons l’artiste tchèque Dana Zamecnikova et
sa récente série des « 3M » exposée
aux Verriales à Biot en 2003 ou Jirina Zertova, qui
peint des plaques de verre et les empile en couches pour créer
optiquement des formes flottant dans l’espace.
La célèbre artiste hollandaise Mieke Groot a
fait appel aux émaux « terreux » pour donner
à son œuvre une sensibilité particulière.
Aujourd’hui, de nouvelles peintures-émail issues
de l’industrie (panneaux routiers) sont utilisées
par les verriers et quelquesfois associées aux émaux
traditionnels. Elles sont souvent utilisées au soufflage
entre deux couches de verre.
Jean-Claude Novaro a mené des recherches sur le sujet
validées par un beau résultat. L’Américain
John de Wit est le spécialiste des peintures-émail
qu’il glisse également entre deux couches transparentes.
Ulrica Hydman-Vallien, en Suède, a créé
son vocabulaire de designer et d’artiste à partir
d’émaux parfaitement maîtrisés.
La Polonaise Idzikowska utilise le verre depuis les années
90. Son œuvre unique est celle d’un peintre qui
aurait choisi ce matériau comme toile, ainsi que le
fait le Français Gérard Delafosse.
En France également, Czeslaw Zuber colorie directement
ses blocs sculptés à la massette de teintes
explosives. Le peintre-sculpteur Jean-Paul Van Lith utilise
toutes les techniques de la peinture sur verre de l’Acrylique
à la grisaille. Cas atypique, Laurent Saksik «
peint » en confrontant de grandes plaques de verre revêtues
de films colorés. Tout est possible donc, quand le
verre devient support pictural.
Mode
d’emploi
Les émaux en poudre sont proches de ceux utilisés
en céramique. À base d’oxydes qui fondent
à basse température, ils sont mélangés
à des liants pour les enduire plus facilement au pinceau.
Cuits vers 600°, ils respectent le verre déjà
cuit et peuvent subir un deuxième cueillage dans le
creuset.
Les peintures-émail issues de l’industrie remplacent
de plus en plus les émaux. Avantage : elles permettent
de visualiser immédiatement le résultat et résistent
à la cuisson, donc permettent le verre multicouche.
Un
peu d’histoire
Tout amateur de verre connaît et apprécie les
« fixés sous verre » qui sont en usage
répandu depuis l’Antiquité, en Syrie,
en Égypte et dans le monde Romain. Venise en a fait
à Murano un art extrêmement élaboré
au Xve siècle. À la fois noble et d’empire,
la peinture sur verre a touché le peuple à travers
icônes, ex-voto ou témoignages festifs (fiançailles,
mariages etc). Le thème principal de la peinture sous
verre est la vie du Christ ou celle de la Vierge Marie, mais,
progressivement, cette technique s’étend à
des représentations plus osées inspirées
par la peinture traditionnelle.
À la fin du XIXe siècle, Joseph-Emile Broccard,
puis Émile Gallé et les frères Daum utiliseront
l’émail pour des décors naturalistes.
De nos jours, après la vague venue de l’Est,
de nombreux artistes contemporains utilisent ces possibilités
picturales du verre en les associant à d’autres
techniques allant jusqu’au monumental (Thierry Boissel,
Udo Zembok).
Galerie
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